Être authentique, ça veut dire se montrer dans sa vulnérabilité, pas d'être faible ou naïf. C’est se montrer tel que je suis dans ce qui m’affecte, mais tout en prenant la responsabilité de ce que je vis. Même si l'autre est souvent le déclencheur de ces inconforts-là, de ces blessures-là, de ces souffrances-là, je dois comprendre que même si je me sens blessé dans la situation avec l'autre, ce n'est pas l'autre qui a greffé ces émotions-là en moi. C'est la situation, c'est le déclencheur qui me blesse dans mon vécu et la réaction que je vais avoir face à ça qui vont me déranger le plus. La non-acceptation de la situation parce que je suis déclenchée dans mes propres blessures. L'autre, c'est juste l'acteur dans tout ça.
Prendre ma responsabilité, ça veut dire aussi réaliser que tout part de moi, que j'ai toujours le choix de ma réaction face aux événements et que ce n'est pas la faute de personne, c'est juste une expérience. Ça veut dire aussi laisser à l'autre sa responsabilité face à ses propres émotions, il a la capacité de s'en occuper. Restez avec cette conviction-là, sinon on tombe dans la culpabilité. On ne peut pas être responsable de l'émotion que l'autre vit ou ressent, même si c'est nous qui sommes acteurs et déclencheurs. Prendre la souffrance de l'autre, c'est un fardeau qui est très, très lourd à porter. Si j'essaie de sauver l’autre, je lui évite de souffrir, en tout cas c'est ce que je crois, je lui empêche d'apprendre la leçon qu’il a à tirer de cette expérience.
Prenez un exemple de petits gestes au quotidien, même anodins. L'exemple que j'aimerais apporter ici, c'est celui de Jacques Salomé. Je le trouvais très adéquat avec des petits gestes de quotidien. Il avait pour habitude de prendre la pâte de dentifrice, de se brosser les dents, mais d'oublier de mettre le bouchon sur le tube de dentifrice. Sa conjointe revenait régulièrement à la charge de dire « tu n’as toujours pas mis le bouchon sur la pâte de dentifrice ». Et lui, il ne pouvait pas comprendre quel impact ça pouvait bien avoir. Un jour, elle décide de s'occuper de son besoin, c'est-à-dire qu'elle va à la pharmacie pour s'acheter un autre tube de dentifrice pour elle, et elle lui laisse la responsabilité de son tube de dentifrice qui n’a pas de bouchon dessus. Le lendemain, quand il vient pour utiliser sa pâte de dentifrice et que tout est séché, là il avait vraiment compris. Avant, c'est elle qui le nettoyait, ce qui fait que lui ne voyait pas l'impact de son geste. Là, il a bien vu, donc il a mis le bouchon. Ça s'est réglé comme ça. Tout ce conflit-là pour une situation banale.
